Qui se souviendra des hipsters en 2026 ? Part1
D’aucuns pourraient estimer qu’un bon hipster est un hipster mort. Et qu’un excellent hipster est un hipster mort de manière ridicule.
(Par exemple étouffé par sa moustache imprégnée de lait en pleine ingurgitation de cornflakes matinaux après une soirée pseudo décalée passée avec des sbires aussi ridicules que lui…)
Mais nous ne aventurerons pas sur le terrain de la haine, cela ne nous ressemble pas.
Avant de fracasser cette gueule branchcouillue sur l’autel du bon sens et du pragmatisme, il est utile de définir ce qu’est un hipster :
On pourrait définir comme hipster tout individu s’attachant par son mode de vie (vêtements, bouffe, moyens de transport, lieux de sortie…) et ses goûts culturels à un courant alternatif et underground tout en ayant des moyens financiers corrects voire confortables.
Pour lui c’est un vrai choix de vie qui se propage dans toutes les strates de son quotidien.
Vous me direz que les extrêmes et la marginalité ont de tout temps attiré les puissants et les bourgeois.
Certains nobles romains participaient aux bacchanales, l’aristocratie vénitienne s’est toujours adonnée au carnaval et au Moyen-Âge on raffolait des fous… Or ces épisodes n’étaient que des événements ponctuels, normés (le carnaval a une date de début et de fin), codifiés en quelque sorte. Pendant plusieurs jours, on fait fi de l’échelle sociale, on s’entremêle, on s’encanaille, mais une fois la fête terminée, le clochard redevient clochard, le roi roi et le bourgeois bourgeois.
De son côté, l’hipster ne considère pas son attitude comme un déguisement éphémère ou un relâchement épisodique ; pour lui c’est un vrai choix de vie qui se propage dans toutes les strates de son quotidien.
Et le dandy me direz-vous alors ? Quelle est la différence entre un hipster et un dandy ?
La question mérite d’être posée car certains points semblent rapprocher ces deux catégories : choix vestimentaires radicaux et identifiables, fréquentation de lieux atypiques, refus d’un style de vie bourgeois, un côté bande à part…
La différence, majeure toutefois, réside dans l’objectif poursuivi :
Le dandy vise la sophistication, l’élégance absolue quand l’hipster revendique le relâchement le plus total, l’absence de calcul.
Le dandy s’attache à des codes révolus, il veut appliquer à ce tout qu’il entreprend classe et méticulosité liés à un âge d’or. Le dandy a une certaine nostalgie aristocratique. Son univers est un écrin archaïque, un panthéon où sommeillent des lords, des maharadjas et des expéditeurs.
L’hipster est un produit du monde moderne.
Il est hyperconnecté, connaît les figures populaires de la culture mainstream (jeux vidéos, Hello Kitty, Lady Gaga…) qu’il détourne, qu’il ingurgite pour les digérer de manière décalée tout en prétendant le faire sans y réfléchir. L’hipster évolue dans une « ironie sérieuse ». Des grosses lunettes, une moustache, un haut de survêt des années 90… ?
Ah marrant ! Non pas du tout. Il faut les voir tirer la gueule dans leur accoutrement fendard.
Car pour eux ce n’est pas du second degré. C’est du 36ème et demi. C’est tellement ridicule que cela ne l’est plus.
Par Al Eajactaest
Pour retrouver l’illustration du nounours : www.gloriaho.ca