Malaise en Malaisie – Calmez-vous, Le Grand Journal a toujours été de la merde !
Nous ne sommes que le 13 septembre et déjà Le Grand Journal version 2016-2017 peut enclencher le décompte avant son avis de décès qui semble imminent.
4-5 émissions seulement et l’émission vacille sévère : les audiences commencent à ressembler à celles de documentaires culinaires diffusés par des chaînes régionales sur des canaux dont vous ignoriez l’existence (genre Mirabelle TV – Canal 414 sur Bouygues).
Toutefois plus que la nullité de l’émission ce qui surprend en cette rentrée c’est l’acharnement des autres médias à son égard.
Petite expérience : tapez malaise + le grand journal sur Google Actualités et voyez le résultat.
Bordel tous, tous y sont ! Et tous emploient le même mot… « Malaise ».
Oui malaise justement.
On ne tire plus sur l’ambulance, on y va au lance-roquette Guaino.
Que les putes à clics habituelles (BuzzMachinChose, WhateverBuzz) et autres presses people (Public, Closer) fassent n’importe quoi pour créer de l’audience, passe, c’est leur business model.
Mais que L’Express, Les Inrocks, Libé, L’Obs se comportent comme des hyènes avec la charogne de l’émission et le sentiment de lynchage orchestré point.
Une blague nulle face à un acteur américain fin de semaine, une remarque qui serait « transphobe » (prévisions climatiques : la transphobie présumée et la lutte contre ce fléau vont être les grosses tendances 2017 tant tout le monde est soupçonné de l’être) en début de semaine, et ça y est la machine s’emballe, l’émission est clouée au pilori !
Nos donneurs de leçon (L’Express, Les Inrocks, Libé, L’Obs donc) accusent, éructent… Et les neuneus sur les réseaux sociaux relaient.
« Malaise ».
On ne tire plus sur l’ambulance, on y va au lance-roquette Guaino !
Une polémique pourrie préfabriquée qu’on retrouve partout. Et le mélange des genres qui s’accentue : on ne distingue plus Les Inrocks de 20 Minutes, Buzzfeed ou Konbini.
Chacun y va de son pouce vers le bas.
En outre cerise sur le gâteau sadique, l’audience de l’émission est en train de s’écrouler. On va arriver à un point si bas que Bolloré pourra attaquer aux prud’hommes ses propres salariés du Petit et Grand Journal vu les dégâts causés à Canal.
Désormais les mêmes, qui hurlaient au populisme quand Ce Soir Ou Jamais a été déprogrammé faute de téléspectateurs, analysent la chute de LGJ avec autant de précision que de plaisir.
Mais putain tu les aimes ou pas les chiffres ?
- Oui ?! Va tailler des pipes à Hanouna.
- Non ?! Arrête de nous les casser avec les ascensions ou les baisses des émissions, quelles qu’elles soient : celles que tu aimes comme celles que tu détestes.
Le rapport qu’entretiennent les médias avec Le Grand Journal ont toujours été ambigus.
Soyons clairs : la plupart des journaleux se considérant comme de gauche ont voulu bosser pour Le Grand Journal. En être devenait le Graal.
Désormais, incapable d’enrayer un déclin entamé en 2012 l’avant-dernière année de Denisot, de référence l’émission est passée au statut de punching ball.
Ceux, qui auraient vendu père et mère pour avoir une place même misérable de chroniqueur, à présent se vengent de leurs fantasmes inassouvis.
Mais ne nous méprenons pas : si la mort du Grand Journal semble inéluctable dans les prochains mois, cette émission a toujours été de la merde.
Depuis sa création en 2004.
Suffisante, faussement rebelle, paresseuse, incapable de toute autodérision, bien-pensante, persuadée de détenir le bon goût, distribuant les mauvais points tel un juge boursouflé de certitudes. Maintenant qu’elle est tombée de son piédestal, l’émission se retrouve sous les phares d’une critique méchante et sanguinolente, procédé qu’elle a largement entretenu.
Le Grand Journal a été mauvais. Constamment.
Même lorsque Denisot était aux manettes.
Le problème principal réside dans le modèle du Grand Journal.
Les mecs de LGJ vouent un culte aux late-night shows des US : Letterman, Jay Leno , Conan O’Brien, Jimmy Fallon, Jimmy Kimmel…
La liste est longue de ceux qui inspirent Le Grand Journal.
Comme s’il suffisait de s’asseoir, d’accueillir une personnalité pour que la machine fonctionne.
Bijoux de précision, d’humour, d’autodérision, de professionnalisme, les late-night shows ricains sont des machines de guerre.
Or, en bons branleurs hexagonaux, la prod du Grand Journal n’a voulu voir que la partie émergée du modèle.
Comme s’il suffisait de s’asseoir, d’accueillir une personnalité venue faire sa promo, d’avoir fait bosser au préalable des stagiaires pour qu’ils potassent le bouquin en stabilotant les passages «intéressants» ou à polémique (car la fausse polémique reste aussi un truc de branleurs) pour que la machine fonctionne.
Le tout entrecoupé de blagounettes de comiques à la chute prévisible, quand le sketch n’est pas entièrement pompé sur les ricains… (N’oublions pas en effet qu’à son apogée Jamel Debbouze pillait allègrement et en toute impunité le répertoire de Dave Chappelle).
Le travail, rien que le travail et l’humilité.
Les late-night shows US ont des bataillons de dialoguiste et scénaristes qui taffent sur des séries, des films. Il n’était pas rare de voir dans les années 90-00 un gars qui écrivait des dialogues pour les Simpsons, Friends et qui bossait aussi pour la top 10 list de Letterman.
L’émission est donc minutieusement préparée, rédigée sans de place possible pour le flou.
Et les invités me demanderez-vous ?
C’est un point essentiel qui explique le succès US depuis des décennies et l’inaptitude française.
Les invités jouent le jeu. Tout simplement.
Les stars ont été préparées en amont. Elles sont intégrées dans les sketchs. Ici également aucun imprévu. L’invité sait les questions auxquels il aura droit et les blagues qui seront faites. S’il devra ou pas collaborer à un gag.
Les Nuls – L’Emission étaient complètement dans cette veine.
Encore faut-il que la star veuille se plier à cela. Et apparemment chez nous l’autodérision ne fait pas la force de nos personnalités.
Très vite la moindre actrice à succès s’imagine en sauveuse de l’humanité, par des prises de position sur des sujets politiques, des airs graves ou pire des reportages sur les causes qu’elle défend («attention le monde, grâce à ma belle gueule et ma caméra, je vais arrêter la pollution ! »). Et comme personne ne lui dit qu’elle nous emmerde, la nana laisse tant son melon gonfler que ça devient impossible de lui demander de jouer la comédie dans une saynète.
Arrogance, fainéantise, les deux mamelles du Grand Journal.
Il est donc temps qu’on achève cette émission qui ne cesse d’agoniser et qu’on mette fin à plus de vingt ans d’amateurisme.
Par Al Eajactaest